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La bactérie mangeuse de plastique qui pourrait sauver la planète
Des scientifiques japonais ont découvert une nouvelle espèce de bactéries capables de décomposer le plastique.
Les déchets plastique ont envahi les océans, les détritus flottants s'y amoncellent en de gigantesques amas, se dégradant extrêmement lentement, avec des effets dévastateurs pour la vie animale et l'environnement. Mais la nature contre-attaque : une bactérie mangeuse de plastique vient d'être découverte.
Elle s'appellera « Ideonella sakaiensis ", ont décidé les scientifiques japonais qui l'ont débusquée. Il s'agit du premier organisme capable de dégrader et d'assimiler complètement le polytéréphtalate d'éthylène (PET), un plastique couramment utilisé dans la fabrication des bouteilles, des cartes au format « carte de crédit " et des emballages jetables de toutes sortes.
Comment mange-t-elle du plastique ?
Si de l'extérieur le plastique semble une matière uniforme, il s'agit en fait d'une substance polymère, dérivée du pétrole, c'est-à-dire composée d'une succession de petites molécules. Ces plastiques synthétiques existant depuis moins d'un siècle, les micro-organismes n'ont pas eu le temps de développer une trousse d'outils biochimiques pour s'en nourrir. Sauf la « Ideonella sakaiensis ».
Cette nouvelle espèce « hydrolise » le plastique. Elle le décompose en sécrétant deux enzymes, qui s'attaquent directement à ses liaisons moléculaires. Dans son rapport publié vendredi 11 mars dans la revue Science, l'équipe de l'Université des arts et techniques de Kyoto explique comment elle a dû passer au crible des centaines d'échantillons environnementaux avant de repérer cette colonie d'organismes, qui l'utilisait comme source de carbone, nécessaire à sa croissance.
Les bactéries nous sauveront-elles de l'invasion plastique ?
Ce régime inattendu chez les bactéries pourrait se révéler d'une grande utilité. Il suffirait de lancer des cultures de bactéries pour faire disparaître sans effort nos montagnes de détritus. Mais on en est encore loin.
Même si la « Ideonella sakaiensis » est plutôt vorace en comparaison à d'autres organismes, elle n'est parvenue à dégrader totalement un morceau de plastique - de la taille d'un ongle de pouce - qu'en l'espace de six semaines, dans un environnement à 30 degrés, lors des tests. Un processus très lent face à notre folle addiction au plastique.
« Nous devons améliorer la bactérie pour la rendre plus puissante, le génie génétique pourrait s'appliquer dans ce domaine », soutient Kohei Oda, de l'équipe de recherche. Une façon d'accélérer les choses pourrait être de transférer les gènes de fabrication des deux enzymes dans une bactérie se développant plus rapidement comme l'Escherichia Coli, propose le chercheur allemand Uwe Bornscheuer, dans le New Scientist.
« Je suis sûr que nous allons trouver dans la nature d'autres microbes ayant évolué de façon à dégrader d'autres matières plastiques, poursuit-il. Il s'agit juste de chercher correctement, et d'avoir de la patience, à l'image de cette équipe japonaise ».
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