Racheter des actifs, qu’est ce que ça veut dire ? La Banque centrale européenne (BCE) s'apprête à racheter massivement des dettes d’État européens (ce qui revient à prêter à ces États), avec de l’argent qu’elle va créer ex-nihilo (concrétement, il s’agit d’un simple « jeu » d'écriture dans les comptes des banques). Elle augmente ainsi les réserves du secteur bancaire et elle met de l’argent en circulation dans l’économie. On parle d’une politique « non conventionnelle » car, traditionnellement, la banque centrale fixe les règles du jeu (comme le montant des taux d'intérêt) mais ne créé pas elle-même de la monnaie courante.
Comment faire ? Imaginons un emprunt d’État Français qui vaut 100€, détenu par une banque (l’emprunt est un engagement de l’État français à rembourser une certaine somme au bout d’une certaine période).
La BCE va demander à la banque de lui transférer cet emprunt. En échange, la BCE (qui fixe les règles) va autoriser la banque à écrire dans ses comptes qu’elle possède 100 de plus.
Dans quel but ? L'objectif est d’éviter la déflation, c'est-à-dire la baisse des prix. La spirale déflationniste est dangereuse car elle plombe l’économie : le cycle démarre par un surendettement des acteurs financiers.
Pour se désendetter, ces acteurs diminuent leurs dépenses, et les banques réduisent l’offre de crédit. La demande diminue, l’offre doit donc s’ajuster : les prix baissent, et les salaires avec. Avec des salaires qui diminuent, les dettes sont de plus en plus difficiles à rembourser. Donc l’endettement augmente encore, ce qui aggrave encore la situation… L’augmention de la masse monétaire est censée soutenir l’offre de crédit et provoquer une inflation (hausse des prix) artificielle : il y aura plus d’argent en circulation pour la même quantité de biens. Mécaniquement, les biens devront coûter plus cher et les prix devront augmenter.
Pourquoi seulement maintenant ? La FED (banque centrale américaine) ou la banque d’Angleterre ont fait tourner la « planche à billets » dès 2011, contrairement à la BCE qui n’avait, elle, qu’une seule obsession : maîtriser l’inflation.
Mais la Banque centrale européenne a complètement sous estimé les risques de déflation. De plus, contrairement à la zone dollar, la zone euro regroupe des économies très différentes, voire inégales. Entre l’Allemagne et la Grèce, il y a un gouffre ! La monnaie unique est donc plus difficile à manipuler que le dollar, car il faut prendre en compte un grand nombre de facteurs avant de prendre une décision. De plus, la BCE a pu hésiter, par peur de jouer à l’apprenti sorcier.
Les critiquesCet « assouplissement monétaire » n’a pas eu d’effet miracle aux États-Unis et en Angleterre. Certains économistes avancent qu’elle n’a pas d’effet sur l’économie réelle, car les banques ne prêtent pas automatiquement l’argent supplémentaire mis sur le marché.
L’argent créé n’est donc pas injecté dans l’économie réelle. En effet, il est souvent plus rentable de spéculer que de prêter aux acteurs de l’économie réelle. En conséquence, seul le prix des produits soumis à la spéculation augmenterait, comme le pétrole, l’or, etc.
Et ceux qui détiennent ces actifs (généralement les riches) seraient les seuls à s’enrichir ! En 2012, la banque d’Angleterre a d’ailleurs reconnu que cette politique avait privilégié les 5 % de citoyens les plus riches.
Copié collé de www.ouest-france.fr